En folio classique. Préface de claude Roy. (Ecrit entre 1850 et 1875)

A minuit, le jour de Noël 1849, on rive les fers aux pieds de Dostoïevski et il part pour la Sibérie. Il y passera neuf ans, quatre au bagne, cinq comme simple soldat.

Ce sont ces quatre années que relatent « Les Souvenirs de la maison morte« , traduit en France par : « la maison des morts »

Pourquoi lire ce livre? Le titre n’engageant pas trop à la liesse!

La couverture, en livre de poche, représente une photo de groupe, des bagnards assis en tailleur, les cheveux complètement rasés, ou juste une partie de la tête, gauche ou droite, les visages sont fermés, les âges hétérogènes.

Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski est né en 1821, il a donc 28 ans quand on l’emmène dans la maison de force.

Son père était médecin militaire, sa mère : fille de négociant.

Ainsi le bagne pour lui c’est d’abord la promiscuité, puis le froid, puis les fers aux pieds, puis les cafards dans la soupe, la couche sur le sol, le pot hygiénique en commun, les odeurs de mort…

En ces temps dits de crise, ce livre apparaît comme une sorte d’antidote intellectuel.

Pas de style à proprement dit, pas d’effet de phrase, pas de rhétorique expressive…

Des faits, rien que des faits, avec quand même le regard d’un écrivain dessus.

C’est à dire de quelqu’un qui vit toujours un peu à rebours, avec un petit temps de retard sur la réalité, l’espace nécessaire à l’écriture de la vie.

C’est à dire de la vie revécue quasiment en direct, mais reformulée en tenant compte de la censure de l’époque, et de sa censure à lui nourrie de beaucoup de livres.

Et pourtant, pour faire un parallèle rapide avec le livre de Georges Semprun, » L’écriture ou la vie« , qui raconte des années d’enfermement dans un stalag nazi, « Seul l’artifice d’un récit maîtrisé parviendra à transmettre partiellement la vérité du témoignage. »…

Paradoxe du « mentir vrai » cher à Aragon, à Fellini… L’écrivain comme le cinéaste déforment le vécu, mais c’est pour mieux le dévorer, pour mieux le faire ressentir à hauteur d’homme…

Ce livre est donc conseillé pour ceux qui sont en plein  apprentissage de la douleur, physique ou  morale. Pour ceux qui n’arrivent toujours pas à relativiser, à filtrer l’ivraie, à respirer juste.

Comme : « Lécriture ou la vie« , de Georges Semprun, « Si c’est un homme« , de Primo Levi,  ou « Retour en terre« , de Jim Harrison…

Deux phrases tirées du livre:

Le dialecticien en jurons gagnait en estime ; en core un peu, on l’aurait applaudi, comme un acteur.

La tyrannie est une habitude douée d’extension, elle peut se développer, devenir à la longue une maladie.

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Livre publié en 1987.

Jim Harrison, c’est : « Légendes d’automne », « Faux-soleil », « Un bonjour pour mourir », « Retour en terre« , « Aventures d’un gourmand vagabond« , « Théorie et pratique des rivières »… et « Dalva »

C’est un écrivain intello mais planqué dans une carcasse de chasseur ventripotent, un peu boiteux à cause de la goutte, un peu chagrin à cause de la saloperie banalisée de l’histoire américaine avec une grande Hache, et de la mort italique de ses proches, animaux compris.

Si vous n’avez jamais lu Jim Harrison, vous êtes un heureux veinard en puissance, riche de plein de bouquins extraordinaires à visiter…

Pour celui-ci, Dalva, Dalva étant le prénom d’une femme, mais c’est aussi le roman de l’Amérique éternelle veuve de ses Indiens.

C’est aussi l’histoire d’une jeune fille, enfant, épouse, mère privée de son fils moitié indien moitié légende, à la recherche d’elle-même dans une amérique fantomatique de bisons exterminés, de soldats momifiés dans la cave, une balle en plein front…

Je me contenterai de quelques phrases à vous jeter en pâture comme des amuse-gueule…

 

Peut-être l’enfance nous sert-elle de mythe de survie.

– La vie me semblait poignante, saturée de ce qu’on désigne par le terme de « souffrance », alors qu’il s’agissait simplement des moyens détournés que prend la vie pour nous rendre uniques.

– Les pères ont presque toujours une décennie de retard sur l’âge réel de leur fille.

– J’ai passé l’une de ces excellentes nuits dont on se réveille avec l’impresion de faire partie du matelas… 

 

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